Vibrer........comme les branches d'un diapason
Vibrer........comme une flûte de roseau au moindre souffle de vie
Vibrer........comme les arbres sous la musique du vent
Vibrer........comme l'eau se ride sous la caresse de l'air
Vibrer........au rythme de la nature
Vibrer .......comme un coeur touché par la grâce de la musique

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Ecouter, regarder, sentir, toucher, savourer ce que m'offre la nature
Ouvrir mon coeur et me laisser envahir par les émotions
Ouvrir mon coeur et ma porte et laisser entrer tous mes petits amis à poils et à plumes
Leur offrir le meilleur de moi-même avec mon coeur d'enfant qui n'a jamais cessé de s'émerveiller
Proposer un instant de paix dans ce monde devenu inhumain

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BIENVENUE AU REFUGE DE JENNY

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mardi 5 février 2013

Ah ! biquette, biquette, tu sortiras....





Le dernier été avant de quitter définitivement l'enfance - à la rentrée, je serais "dans la cour des grands" d'un lycée parisien (époque où le lycée commençait en sixième)-, j'allais vivre une expérience unique et inoubliable.

Dans une ferme voisine, à Chilly, il y avait des ânes - j'aimais tant être réveillée par eux ! Rien à voir avec l'agressivité d'un réveil-matin - , et des chèvres.
J'aimais les ânes et les chèvres depuis que j'allais à Chilly, et je ne manquais jamais une occasion d'aller les caresser.

L'une des biquettes n'allait pas tarder à avoir un bébé. Je lui rendais visite plusieurs fois par jour, et lui parlais, comme je le faisais toujours, en la caressant, en chantonnant. La biquette semblait apprécier ma présence, car elle venait vers moi dès qu'elle m'apercevait, son gros ventre balançant au rythme mesuré de ses pas.

A midi, pas de biquette !
Mais j'entendais des gémissements dans la grange.

Le fermier était auprès d'elle, et me dit : " va vite chercher  monsieur X. (monsieur X était le "vétérinaire"). La biquette ne va pas bien"
Après être revenue à toutes jambes une fois ma mission accomplie, je m'installai auprès de la pauvre bête qui continuait de gémir.

J'avais posé ma tête contre la sienne, et je me mis à lui parler en chantonnant... Ses yeux reflétaient la terreur, et j'essayais de l'apaiser avec mes mots murmurés à son oreille.
Lorsque Monsieur X arriva, il déclara que "le bébé se présentait mal".
-"Elle va mourir, Monsieur ?"
-"Je ne peux pas savoir, mais je vais tout faire pour la sauver, et sauver son petit"

C'est le moment que choisit ma mère pour arriver et me dire de déguerpir au plus vite. Ce n'était pas ma place, et j'ennuyais monsieur X. Elle ajouta quelques mots de sa spécialité, auxquels je ne prêtais  même plus attention.
Monsieur X dit alors :
-"Votre fille ne me gêne pas. Elle peut rester si elle le souhaite
-"Mais ce ne sont pas des choses pour une petite fille !!!
-"Je pense qu'elle peut choisir toute seule de rester ou de partir"

Oups ! Ma  mère partit, furieuse d'avoir été remise à sa place.

-" Ecoute, petite, je vais faire des choses qui vont te sembler étranges. Il va y avoir beaucoup de sang, et l'odeur ne sera pas agréable. Alors, tu fais comme tu veux. Apparemment, la biquette apprécie ta présence et tu lui apportes le réconfort dont elle a besoin. Mais si tu te rends compte que c'est trop difficile à supporter, tu sors quand tu veux. Personne ne t'en voudra. Tu fais comme tu veux, tu restes le temps que tu veux, tu sors quand tu veux.   D'accord ? Tu es libre de rester ou non.
-"Oui, Monsieur.....Je dois faire quelque chose ?
-"Continue à lui parler comme tu as l'habitude, ne t'occupe de rien d'autre.
-"Et le bébé ? Il va mourir ?"
-"Peut-être. La maman aussi. Il faut que tu le saches"

Je savais, et j'acceptais déjà tout ce qui allait se passer. Je serais là, auprès de ma biquette, jusqu'au bout. Je savais que ma place était auprès d'elle, et rien d'autre. Je me sentais capable de tout accepter, même l'impensable.

Et monsieur X enfila des gants, fit s'installer la biquette dans une position pratique pour lui comme pour elle.
Je ne vis rien, malheureusement, sinon que son bras disparut à l'intérieur de la biquette.
Combien de temps cela dura-t-il ? Je n'en saurai jamais rien : je murmurais des mots sans penser à ce que je disais, je chantonnais, je lui maintenais la tête entre mes bras, j'essayais d'apaiser ses gémissements par mes pauvres paroles.

Et soudain, Biquette se calma, et  dans un flot de sang et d'autre chose, j'aperçus un bébé flasque dans la paille souillée.

-"Tu vas bien ? Tu as bien travaillé" me dit monsieur X.

Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire, mais quand il me demanda si je me sentais capable de l'aider encore un peu, j'acceptai de bon coeur.
Alors, je dus frotter le biquet tout visqueux, le nettoyer, tenir encore la tête de la maman visiblement épuisée, donner de l'eau, de la paille, et encore frotter, essuyer....

Ma récompense ne tarda pas : le bébé se mit à têter vigoureusement sa maman....
J'étais étouffée par un trop-plein de bonheur et d'émotion, et je sentis les larmes qui coulaient le long de mes joues. Heureusement  :  personne -à part Monsieur X- ne le saurait....

Ce fut mon premier "vrai" accouchement.
Cette expérience allait confirmer que les animaux étaient vraiment ma plus belle raison d'exister, et quand je repense à cette merveilleuse journée, je suis toujours envahie par le même flot de tendresse et d'émotion.....





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