Vibrer........comme les branches d'un diapason
Vibrer........comme une flûte de roseau au moindre souffle de vie
Vibrer........comme les arbres sous la musique du vent
Vibrer........comme l'eau se ride sous la caresse de l'air
Vibrer........au rythme de la nature
Vibrer .......comme un coeur touché par la grâce de la musique

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Ecouter, regarder, sentir, toucher, savourer ce que m'offre la nature
Ouvrir mon coeur et me laisser envahir par les émotions
Ouvrir mon coeur et ma porte et laisser entrer tous mes petits amis à poils et à plumes
Leur offrir le meilleur de moi-même avec mon coeur d'enfant qui n'a jamais cessé de s'émerveiller
Proposer un instant de paix dans ce monde devenu inhumain

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BIENVENUE AU REFUGE DE JENNY

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mardi 8 janvier 2013

Les Breuillerons





Cette même année, la petite Parisienne qui ne connaissait la nature qu'au Jardin des Plantes (j'arrivais enfin à prononcer ce mot correctement !) eut l'immense bonheur de partir en vacances ..

J'en garde un souvenir mitigé : certes, les Breuillerons allaient me permettre de m'évader enfin d'un univers qui ne me convenait guère,et j'appris à savourer les choses les plus simples que l'on ne trouve qu'à la campagne, mais je fis également des découvertes qui me plongèrent dans la tristesse et la perplexité....                                                                                     
                                                                                                     


Ce qui m'a frappée en premier lieu, ce fut tout ce vert : partout des arbres ; partout de l'herbe ; partout des bosquets ; partout des fleurs.... Et pas de rues, pas de grands immeubles, des sentiers, des maisons isolées, et des poules, des chiens, des vaches, des chats....


La maison que la famille réunie avait louée avait ceci d'extraordinaire pour moi : je pouvais sortir dans la cour sans avoir besoin de demander la permission, et il y avait une sorte de grange où j'aimais aller observer les hirondelles qui y avaient élu domicile. Je guettais les nids dans le vain espoir de voir un bébé s'envoler...
Elles étaient des dizaines et des dizaines à voler
toute la journée, de la grange vers l'extérieur, puis
de l'extérieur vers les nids..




           







Dans la maison, je revois les minuscules fleurs de poussière qui dansaient dans le rayon de soleil qui filtrait par les fenêtres. J'essayais de les capturer, mais en vain. Alors, j'observais leur ballet incessant.....






Nous allions chercher le lait dans une ferme proche. J'entendais les vaches qui étaient rentrées pour la traite, j'aurais tellement voulu les voir de près, mais cela ne me fut jamais permis. Ce serait pour l'année suivante. Je me revois, très fière, portant le pot à lait à l'aller,  faisant tinter le couvercle sur le pot en le balançant au bout de mon bras (évidemment, au retour, ce plaisir m'était refusé....... bizarre.....)


Mais dans la cour de cette ferme, l'adulte qui m'accompagnait se saisissait de ma main, car les aboiements des chiens qui tiraient sur leurs chaînes m'effrayaient. Décidément, les chiens devaient être des animaux dangereux puisqu'on les attachait.....Heureusement, il y avait aussi des chats, des chats qui dormaient ici ou là, sur un muret, sur le rebord d'une fenêtre, d'autres qui partaient en vadrouille, des chats sur la paille, des chats qui se laissaient caresser......
Ils se mettaient alors à ronronner, et ce petit moteur qui se mettait en marche sous mes doigts me ravissait..





Je profitais de l'autorisation qui m'était accordée de quitter la maison pour marcher dans l'herbe. Ici, pas de pelouse interdite où l'herbe rase ne laissait s'épanouir que quelques pâquerettes. Non, de l'herbe, de la vraie,qui poussait entre les pavés de la cour, de l'herbe haute dès que je quittais la cour, et qui m'arrivait aux genoux, de l'herbe coupante parfois, de l'herbe douce où j'aimais m'allonger..... ("allons, relève-toi, que fais-tu là ? Tu vas encore te salir ! ")...., de l'herbe où poussaient des pissenlits qui fleurissaient jaune !! et que j'avais le droit de cueillir !  Et qui parfois n'avaient plus de fleurs, mais une jolie couronne blanche fragile qui s'envolait lorsque je soufflais dessus - comme sur le dictionnaire de mes parents -. Et je découvrais les boutons d'or et aussi les coquelicots ! Quelle fleur magnifique ! Encore plus belle que les pâquerettes, les violettes ou les fleurs de pissenlit !

Mais que je fus déçue lorsque je revins à la maison pour les offrir à maman et que je me rendis compte qu'ils étaient déjà tout flétris....
J'appris bien involontairement que les orties qui semblaient si douces et que j'avais voulu cueillir étaient en réalité de l'herbe qui brûlait les doigts !!!

Et je fis la connaissance de nouveaux animaux qui allaient devenir l'une de mes grandes passions : les escargots !
Certains étaient minuscules, quasiment plats, et avaient la coquille presque blanche ou à peine rosée. D'autres, un peu plus grands, avaient une coquille bien ronde et jaune qui brillait.  Mes préférés étaient les gros, marron, ceux qui avaient une jolie coquille luisante. Après l'ondée, je me précipitais pour aller les dénicher. C'était tellement drôle de les voir glisser sur les feuilles encore vernies par la pluie, les cornes bien droites....et quand je touchais leurs cornes, les escargots les repliaient  rapidement.... J'aurais passé des heures à les observer...


Nous allions souvent au bord de l'étang. Nous n'étions pas seuls : des pêcheurs s'y installaient souvent, et des enfants aux genoux couronnés (oh ! comme j'aurais aimé avoir du rouge aux genoux et aux coudes, comme eux....) jouaient ou faisaient du vélo. J'aurais bien aimé me joindre à eux, mais "j'étais trop petite" ....Je commençais à me lasser d'entendre toujours cette phrase qui mettait fin à tous mes désirs !

Je me consolais en apprenant à pêcher. A vrai dire, cela ne me plaisait guère de capturer les jolis poissons rouges qui peuplaient l'étang. Mon père m'avait montré comment il attachait une ficelle à un bout de bois, puis au bout de cette ficelle il fixait une épingle à nourrice à laquelle il accrochait un asticot encore vivant : et cette fichue épingle perçait la bouche de ces pauvres animaux qui voulaient gober la proie gesticulante. Mais puisque les grandes personnes m'assuraient que les poissons n'avaient pas mal ( la preuve : on les sortait de l'eau, on les détachait, et on les remettait dans l'eau dans laquelle ils s'empressaient de s'enfuir), je voulais bien regarder.... Jusqu'au jour où mes parents décidèrent de ramener 2 poissons rouges à Paris. Nous avions donc emporté le pot à lait pour le remplir d'eau, afin que les poissons continuent à vivre, même loin de leur étang. Et la pêche commença. Papa avait déjà mis deux jolis petits poissons dans le pot à lait et je les contemplais, lorsque soudain, un cheval et un poulain au grand galop passèrent sur le chemin ;  et le poulain fou, en faisant un écart, fit tomber le pot à lait.... Mes parents avaient eu le temps de me tirer en arrière, mais quand je revins au bord de l'étang, je vis le pot à lait renversé et les deux poissons écrasés ..... Je retenais mes larmes à grand peine, mais je découvrais qu' il y avait donc d'autres animaux que les chiens qui étaient méchants !!! Les poulains aussi étaient de vilaines bêtes.....

Ce fut le pire souvenir que je rapportais de mon séjour aux Breuillerons. Et les deux autres poissons (qui remplacèrent ceux qui avaient été piétinés, qui firent le trajet du retour dans le fameux pot à lait, et qui vécurent longtemps auprès de moi à Paris) me rappelleraient longtemps la méchanceté de certains animaux....

Je venais de passer mes premières journées à la campagne, j'avais attrapé un virus dont on ne guérit pas, et même la perspective de faire enfin mes premiers pas à l'école ( en dernière année de maternelle), de faire connaissance avec d'autres enfants de mon âge, d'apprendre à lire et à compter, même la perspective de découvrir plein de nouvelles choses ne pouvait me faire oublier qu'à la place du ciel où couraient des nuages aux formes changeantes, je ne voyais que des toits et des cheminées, et que le chant des oiseaux, les aboiements des chiens, tous les bruits de la nature vivante étaient remplacés par le bruit des voitures - pourtant encore peu nombreuses dans notre quartier - et l'absence d'odeurs agréables...

- " Dis, maman, quand est-ce qu'on retournera voir les vaches ? "







2 commentaires:

  1. Merci de partager avec nous tes jolis souvenirs d'enfance. La découverte de la campagne pour une petite parisienne réserve quelques surprises dont on garde précieusement la nostalgie; Merci pour tes visites. Bises

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  2. Merci de ta visite, Minie. Il est vrai que la découverte de la campagne fut pour moi une révélation, et que c'est à partir de ce jour que j'ai commencé à respirer. J'avais enfin -sans m'en douter, bien évidemment- trouvé le moyen de m'envoler hors de la cage qui m'emprisonnait.

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