Vibrer........comme les branches d'un diapason
Vibrer........comme une flûte de roseau au moindre souffle de vie
Vibrer........comme les arbres sous la musique du vent
Vibrer........comme l'eau se ride sous la caresse de l'air
Vibrer........au rythme de la nature
Vibrer .......comme un coeur touché par la grâce de la musique

-......-......-......-......-.......-

Ecouter, regarder, sentir, toucher, savourer ce que m'offre la nature
Ouvrir mon coeur et me laisser envahir par les émotions
Ouvrir mon coeur et ma porte et laisser entrer tous mes petits amis à poils et à plumes
Leur offrir le meilleur de moi-même avec mon coeur d'enfant qui n'a jamais cessé de s'émerveiller
Proposer un instant de paix dans ce monde devenu inhumain

-......-......-......-......-.....-


BIENVENUE AU REFUGE DE JENNY

************************************************************************************************************************************************************************************************************************************************************************************************************************************************************



samedi 19 janvier 2013

Un coq à Paris.....





Des poissons - désormais protégés par l'installation d'une sorte de grand coffre grillagé ( Mickeyte aurait bien aimé jouer avec eux.....) -, des perruches, Kiki le cochon d'Inde, et Mickeyte, bien sûr....
Le logement de Paris déjà minuscule semblait de plus en plus petit, d'autant plus qu'il fallait  de la place pour ranger les graines, les copeaux, et tous les accessoires indispensables à mes petits compagnons, et, en plus, caser les livres que je rapportais de la bibliothèque,  et aussi les nouveaux disques, et surtout tous mes cahiers d'école qui étaient soigneusement rangés et qui, à eux seuls, prenaient une très grande place...
Et pourtant......



Un soir de courses Rue Mouffetard, des pépiements insistants m'attirèrent..... Des poussins !!
Des dizaines et des dizaines de poussins !!!
Il y en avait même qui avaient été teints en bleu , en vert, en rose ! L'horreur !
Mais les minuscules poussins jaunes qui pépiaient, blottis les uns contre les autres pour se tenir chaud - c'était encore une soirée de fin d'hiver - me faisaient frissonner .....

Evidemment, je n'étais pas la seule enfant à les admirer avec envie.....Pas les colorés, oh non !!! j'avais eu la grande joie de voir éclore des oeufs à Chilly, et ces poussins bleus ou roses me rendaient profondément triste. Mais comment résister au désir de tenir entre mes mains un aussi petit bébé ? De tous les badauds qui s'agglutinaient autour des poussins, j'étais certainement la plus intéressée, et je n'hésitais pas à me faufiler entre tout le monde pour rester à la meilleure place, malgré la bousculade.

- " Maman, tu achètes un poussin ?
- " Certainement pas. Il y a assez de bêtes à la maison, et ces poussins seront tous morts demain. Tu le sais bien, tu as vu comment  doivent grandir les poussins chez Madame Alazard, ceux-là ne peuvent pas vivre.
- " Maman, s'il-te-plaît, pourquoi ne pas essayer d'en sauver un ?
- " Non, pas question. Décidément, tu es vraiment canulante. Je ne t'emmènerai plus faire les commissions avec moi. Tu demandes toujours l'impossible
- " Maman, 1 franc, c'est vraiment pas cher, et si jamais on réussissait à en sauver au moins un ?
- " Allez, viens, je fais les commissions d'abord "

Le " d'abord " ne m'avait pas échappé. Mais il y avait tellement de personnes qui en voulaient ! En resterait-il quand maman aurait fini ses commissions ? J'essayais de la presser, mais elle ne voulait plus m'écouter.

Quand enfin maman eut terminé ses achats, je la harcelai de nouveau :

- " Maman, il te reste bien 1 franc. 1 franc, ce n'est rien, maman....S'il-te-plaît, maman "

( petit rappel : à cette époque, les "anciens francs" vivaient leurs dernières semaines)


Nous remontâmes donc la rue Mouffetard, et je me hâtai vers les poussins....

Cela me faisait tellement mal au coeur de les voir entassés comme cela, essayant de se grimper les uns sur les autres pour pouvoir respirer, et dans le froid.

Je voulais absolument essayer d'en sauver un, même si je savais très bien qu'un poussin de 2 jours n'a aucune chance de survivre dans ces conditions....

- " Tu ne viendras pas pleurer quand il va mourir. Car tu sais qu'il va mourir, n'est-ce pas ? "

Bien sûr, je savais que mon poussin allait mourir. Mais je préférais qu'il meure dans le creux de mes mains, au chaud, plutôt qu'étouffé par tous les autres. Quant à "pleurer" ??? Il y avait belle lurette que je ne pleurais plus !!!

Une fois de plus, maman céda à sa "canulante de fille", et nous revînmes dans le logement avec un minuscule poussin....
Papa fit une drôle de tête, et parla des saletés que ce nouvel animal allait faire...et il s'empressa de recouvrir le grand lit de journaux ...J'y déposai avec précaution mon petit Poupou, qui se mit à courir vers les mains que nous lui tendions....Oh ! le bruit de ses petites pattes qui piétinaient le journal pour venir vers nous ! Je l'entends encore. Mes parents s'étaient pris au jeu, et Poupou devait se fatiguer à force de courir.
Maman lui prépara une mixture que je lui donnai dans ma main...Heureuse surprise : il était capable de picorer tout seul !

Pour la nuit, papa l'installa dans une ancienne cage à oiseaux qu'il plaça en haut de l'armoire.
Ne voyant plus personne, Poupou se remit à pépier de toutes ses forces....
Mais mes parents restèrent inflexibles : il passerait la nuit la-haut, et de toute façon, demain, il serait mort.

Je m'endormis le coeur gros, et même ma Mickeyte collée contre moi - elle avait regardé Poupou avec intérêt, mais sans aucune méchanceté - n'arrivait pas à m'ôter les idées noires....

                                                *********************************


Evidemment, lorsque je m'éveillai le lendemain matin, Poupou était silencieux....

- " Je t'avais prévenue. Il est mort, bien sûr. Y a plus qu'à descendre la cage et s'en débarrasser".

Mais au moment où papa grimpa sur la chaise pour récupérer la cage, les pépiements retentirent, plus affirmés que la veille ! Mon coeur qui s'était arrêté de battre pendant quelques instants s'emballa de bonheur.
Poupou était vivant !!!!

                                                                  *****************


Les jours qui suivirent, maman continua à lui préparer une mixture, papa installa un "parc" à côté du cageot de Kiki, et Poupou commença à s'habituer à sa nouvelle vie de poussin parisien . Il aimait rejoindre Kiki, mais préférait la chaleur de Mickeyte pour ses moments de repos.


(quel dommage de pas avoir de photos de ces moments de tendresse....)
C'est ainsi que Poupou grandit, en toute liberté, jouant avec Kiki ou se blottissant contre Mickeyte.
Son duvet de poussin avait disparu, et Poupou avait pris de jolies couleurs..

Un matin, je fus réveillée par un "cot cot codette " retentissant !!!!
Quelle joie : Poupou était une poule !!!
Plusieurs jours de suite, les "cot cot codette" remplirent la maison. Poupou se faisait les cordes vocales en répétant à qui mieux mieux sa chanson de poulette.

Mais quelques jours plus tard, le "cot, cot, codette" se transforma en un "cocorico" puissant !!!!
Poupou n'avait rien d'une poulette : Poupou était un jeune coq !!!
D'ailleurs, ses plumes et sa crête se transformèrent petit à petit, et le doute n'était plus permis !!


L'été suivant, Poupou nous suivit à Chilly (car il est évident que si les poissons et les perruches - qui n'allaient pas tarder à mourir - restaient à Paris, Kiki et Mickeyte faisaient partie de toutes nos escapades).

Un jour, Mickeyte se sauva..... Elle n'avait fait que quelques mètres vers la rue, mais Poupou, qui vivait en liberté, l'aperçut, vola vers elle tout en la contournant, et lui fit face, la ramenant vite fait vers la maison en lui assénant quelques petits coups de bec !

Hélas, cette même année, Kiki mourut....Ce matin-là, aucun roucoulement de plaisir, aucun couinement de bienvenue n'accueillirent papa à son arrivée dans la cuisine.

Ainsi va la vie...et la mort....
Dure loi impitoyable de la nature qui accepte que les compagnons tant aimés des petites filles meurent toujours trop vite.....








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire